Guerre 1939/1945

Alors que le 14 juin 1940 les troupes allemandes défilent sur les champs Elysées, la Lorraine résiste toujours. Le 17 juin, les troupes allemandes sont au contact de la ligne principale de résistance du régiment, organisée sur le canal de la Marne au Rhin entre Gondrexange et Hesse.
Le lendemain, les allemands déclenchent de violents bombardements et lancent une attaque générale. Les soldats français sont attaqués à Badonviller, Bertrambois, Saint-Quirin le 19 juin. Le 20, c’est au tour des Collines, La Chapelotte où se bat le deuxième bataillon du 49ème R.I. Toute la 30ème D.I. subit de violentes attaques sur son front et connaît de lourdes pertes. Le 21 juin, la pression ennemie s’accentue encore ! Les troupes allemandes s’infiltrent dans le dispositif des unités françaises réduites et maintenant exténuées. Le deuxième bataillon du 49ème R.I. résiste crânement à Allarmont. Après épuisement des vivres et des munitions, ordre est donné de détruire les archives et les drapeaux !
Dans les jours qui suivent, 10 000 hommes de l’armée allemande occupent le territoire Lorrain

La résistance.
Jusqu’au début de l’année 1942, les actions contre l’occupant se limitent à quelques graffitis.
Des réseaux s’organisent cependant pour faire passer en zone libre des prisonniers français évadés des camps de regroupement et des réfractaires Alsaciens enrôlés de force dans l’armée allemande.
Des milliers de personnes sont ainsi camouflées, habillées et conduites en zone libre. Mais les services allemands ne restent pas inactifs face à cette résistance et nombre de passeurs sont arrêtés, certains fusillés ou déportés vers l’Allemagne. Pour ne citer qu’eux, l’abbé MORAND curé de la paroisse et madame ADLOFF sont arrêtés, torturés et déportés en camp de concentration outre Rhin.

Dès 1943, le refus du travail obligatoire viendra grossir les effectifs du maquis.

Les requis forestiers

Dans le secteur de Badonviller et jusqu’en forêt vosgienne des groupes d’hommes constituent les premiers éléments des forces françaises libres et bientôt, des actions sont menés contre l’occupant : attaques de convois, sabotages en tous genres etc.

 

Maquis au camps de la Chapelotte.

Cette même année 1943, début avril, le maire Emile FOURNIER est arrêté interné à Buchenwald. Malgré les terribles conditions de détention, il survivra.
Cinq Badonvillois sont fusillés par la gestapo, dix sont tués au maquis et treize sont morts dans les camps de concentrations.

Les Trois Sauveux.
15 jeunes résistants sont fusillés par la Gestapo, le 5 septembre 1944 au lieu-dit : les trois Sauveux
d’après le témoignage de M. JB Diedler, maire de Badonviller et chargé d’écrire un rapport sur les prisonniers.

Emplacement: entre Badonviller et Fenneviller
Le vallon des Trois Sauveux se trouve au sud de Badonviller et à l’est de Fenneviller. L’espace boisé est propice aux activités clandestines, il se situe à proximité de Pexonne et Viombois. http://pexonne27aout44.net/dimanche-27-aout-1944/

Ces villages sont déjà touchés par de massives rafles qui s’intensifient avec le recul de l’armée allemande depuis le débarquement allié en Normandie.

Le 5 septembre 1944, quatorze personnes sont emmenées dans ce vallon pour y être fusillées. Originaires essentiellement de Badonviller et de Celles sur Plaine, ce groupe revient de la ferme de Viombois encerclée la veille. La Gestapo, installée dans la maison de M. Chiaravalli au sud de Badonviller, les embarquent afin de les interroger.

Les prisonniers sont relativement jeunes pour la plupart. Ce sont de jeunes gens mal entraînés et souvent désarmés qui ne peuvent pas résister aux forces allemandes.

Ils sont assis à même le sol dans toutes les pièces et se font interroger en groupes dans le bureau principal. N’étant considérés que comme des « terroristes » et non des prisonniers de guerre, ils sont interrogés et jugés sommairement :

Vers 15h00, le maire est prévenu par un membre de la Gestapo qu’un premier groupe de neuf personnes a été exécuté. Le maire a pour mission de les identifier et de les enterrer dans l’heure qui suit. Avec quelques employés de mairie, il se rend sur place pour découvrir neuf cadavres transpercés par une rafale de mitraillette et défigurés par un coup de pistolet dans la nuque. Une liste des objets personnels est soigneusement établie et les corps sont inhumés sur place.

Vers 20h00 environ, un deuxième groupe de cinq personnes est fusillé au même endroit, dont le lieutenant Pierson, blessé au combat de Viombois.
Le maire ira les enterrer le lendemain matin.


C’est en fin d’année 1944, le 17 novembre, que Badonviller est délivrée du joug nazi par les militaires de la 2ème Division blindée du Général Leclerc. La libération se fera rue par rue lors de combats acharnés.

 

Un blindé de la 2ème DB est stoppé mis hors de combat par une pièce anti-char alors qu’il s’engage à la sortie de la ville en direction de Cirey sur Vezouze. Ce blindé qui port le nom de Mort-Homme a été conservé sur ce même emplacement et témoigne de l’action menée par les troupes du Général Leclerc pour libérer la France.

Badonviller le 17 novembre 1944, le jour de sa libération.

Aux carrières de Badonviller, c’est le lieutenant Colonel De La Horie qui est mortellement touché par un éclat d’obus.

Le MORT-HOMME. M 4 A2. n° 36.

Equipage :
Chef de char : Lieutenant Albert Bénard, blessé le 25 août 1944, remplacé par Georges Thiolet jusqu’au 15 octobre.
Le Lieutenant Bénard reprend son poste, est à nouveau blessé le 17 novembre 1944.
Tireur : Campani, blessé le 17 novembre 1944.
Radio chargeur : Jacques Diot, blessé le 25 août 1944, remplacé par Lucien Fouchard, blessé le 17 novembre 1944.
Pilote : René Champion, blessé le 17 novembre 1944.
Aide pilote : Michel Duten, blessé le 17 novembre 1944.

Le char MORT-HOMME à la libération de Paris le 23 août 1944

 

Le char Mort-Homme, frappé à l’ennemi le 17 novembre 1944 en libérant Badonviller.

 

Paris 25 août 1944 Rue de Rivoli
A 13 heures, sous le commandement du commandant de La Horie, la 1ère section de chars (lieutenant Bénard) se lance à l’attaque de l’hôtel Meurice appuyée dans sa progression par deux sections d’infanterie du Tchad. L’hôtel Meurice est le Q. G. du général von Choltitz, commandant la garnison allemande du “Gross Paris”. La progression commence le long de la rue de Rivoli ; les fantassins bondissent de pilier en pilier et de porte en porte ; le lieutenant Bénard défonce une barricade antichars et débouche sur la place de la Concorde.
Le Mort-Homme reçoit une grenade qui explose dans la tourelle, blesse grièvement le chasseur Diot, et sérieusement le lieutenant Bénard et son tireur, le caporal-chef d’Etienne. Le Mort-Homme commence à brûler, mais le conducteur Champion, faisant preuve d’un sang-froid remarquable, éteint l’incendie avec ses extincteurs et sauve le char sous le feu de l’ennemi.

Badonviller (Meurthe et Moselle) 17 novembre 1944
La section du lieutenant Bénard fait également du bon travail : elle encercle les faubourgs de Badonviller, où les Boches sont retranchés. Mais ce n’est pas sans pertes. En effet, alors que le lieutenant Bénard, chef de char du Mort-Homme, atteint les dernières maisons, il reçoit un obus de 88, qui met le feu à un de ses réservoirs d’essence. Il saute dans le fossé qui borde la route, suivi bientôt des chasseurs Mouchard et Campani, ce dernier complètement sonné sur le moment. Le conducteur, le caporal-chef Champion, n’arrive pas à sortir du char qui brûle et est obligé de taper comme un forcené avec un outil pour ouvrir sa trappe. Il saute enfin en hurlant, mais n’est plus qu’une torche humaine. Ses camarades le roulent dans un fossé et réussissent à éteindre ses vêtements. Son char avait déjà brûlé à Paris, mais cette fois il a moins de veine qu’antérieurement : il ne s’en tirera que le visage abîmé. Il nous rejoindra néanmoins cinq mois plus tard et fera la campagne d’Allemagne comme chef de char du Mort-Homme II.
Cependant, à peine les vêtements de Champion sont-ils éteints qu’à travers la fumée le lieutenant Bénard aperçoit un Fritz qui, traversant la rue, vient sur eux : il prend son pistolet, tire deux coups et le rate. C’est une grande chance, car l’homme qu’il prenait pour un Allemand est le chasseur Duten, le cinquième membre de l’équipage. ( document chars-francais.net)

 

A Badonviller le 26 novembre 1946.
Leclerc qui le 19 novembre 1944 avait demandé à Mr DIEDLER, remplaçant du Maire, Monsieur Emile FOURNIER, déporté à Buchenwald, de donner le nom du Colonel de la HORIE à une rue de Badonviller, tint à revenir dans l’héroïque cité. Il le fit le 26 novembre 1946, jour où il fut fait citoyen d’honneur.
Après avoir retracé la campagne de France jusqu’à la prise de Baccarat et la libération de Badonviller, il déclare :
« Le colonel de la HORIE a su profiter de l’occasion. Il a attaqué Badonviller avec beaucoup de témérité. Il a surpris l’ennemi par son audacieuse manœuvre et c’est ce qui a sauvé votre ville. Je me suis rendu compte alors, que nous tenions l’ennemi. Nous avions pris pied dans sa défense. Et c’est le jour où nous avons pris Badonviller que nous avons décidé d’aller jusqu’à Strasbourg.
J’ajoute que quand j’en ai informé le général commandant la 3ème armée US, il m’a dit : « entendu, faites ce que vous voulez, j’approuverai ce que vous ferez. »
Nous avons glissé vers Cirey sans perdre de temps, car les positions allemandes étaient encore intactes vers le nord, entre Badonviller et Cirey. Nous sommes montés vers les Vosges et sommes arrivés directement dans leurs positions. Ensuite, ce fut la traversée des Vosges, l’ennemi complètement surpris se sauvant devant nous, ses chars tombant dans les ravins, ce qui nous a permis de prendre Saverne facilement.
Mais je vous le répète, ceci je ne l’avais dit à personne et je crois que peu de gens le savent, c’est ici, dans cette ville qu’à été prise la décision de pousser jusqu’à Strasbourg.
Je vois que vous avez compris, il y a deux ans que ces manœuvres que nous avons accomplies, ces combats dans lesquels nous avons gagné, l’ont été non pas parce que l’ Allemand n‘avait plus de matériel, mais parce que nous avons été plus rapides que lui.
Les gens que j’avais l’honneur de commander avaient commencé cinq ans avant, au Tchad. Nous n’étions alors que quelques uns. Puis notre effectif s’est toujours augmenté. Notre but, notre idéal, c’était de battre l’ennemi et de sauver le pays. Une entente parfaite s’était établie entre nous, de l’officier au 2ème classe, de sorte que les ordres que j’avais à leur donner n’étaient pas des obligations, mais des indications.
Voila la raison pour laquelle nous avons remporté ces succès, pour laquelle nous sommes arrivés à temps à Paris et par laquelle on réussit, lorsqu’on tire tous dans le même sens et lorsque du haut en bas de l’échelle on travaille dans le même but. Le motif pour lequel j’étais décidé à revenir à Badonviller, ce n’était pas le désir de fêter l’anniversaire de la Libération, mais la certitude, en venant dans vos provinces de l’Est, de faire une cure de patriotisme sain.
A tous les échelons de la vie Nationale et au moment où la France est entièrement libérée, les perturbations sont telles qu’on sent la nécessité d’un patriotisme encore solide et éclairé : celui que nous avons eu pour libérer notre pays, celui qu’il nous faut dans notre travail de chaque jour pour gagner la bataille de la paix. »
Le général termina en remerciant de la qualité de citoyen d’honneur qui lui avait été conférée.
L’initiative de la HORIE a crée l’évènement. Sans cette action victorieuse, la manoeuvre par le sud contre Saverne le 22 novembre n’aurait pas été possible. ans elle, Strasbourg n’aurait pas été libérée le 23. Ainsi la victoire était venue de l’esprit d’initiative insuflé par un chef prestigieux à ses subordonnés. On comprend à la fois la joie de LECLERC devant le succès obtenu et sa tristesse devant la mort de son camarade de promotion de Saint-Cyr, de la HORIE.

 

Aujourd’hui, une borne marque le passage des libérateurs.
Dix sept civils Badonvillois trouvent la mort, tués lors des combats de la libération, dans les bombardements ou victimes de mines ou d’explosifs.

Pour tous ces actes collectifs et individuels, toutes ces victimes, la municipalité est récompensée par l’attribution de la croix de guerre 1939/1945.

 

A partir de documentation historique dont l’ouvrage de Louis SCHAUDEL (membre de l’académie Stanislas) intitulé: Badonviller